vendredi 30 novembre 2012

Procès Bino - 8° Ruddy Alexis s'explique sur les faits


Zen 
Une attitude calme et sereine, une tenue irréprochable, Ruddy Alexis fait incontestablement preuve de beaucoup de sang froid, tout au long de ce procès, y-compris dans les moments tendus comme celui où Zenon, le regardant dans les yeux, affirme sans sourciller que c'est lui qui a tué Jacques Bino (1). D'une voix posée, il va répondre à toutes les questions qui lui seront posées, rappelant qu'il a toujours clamé son innocence, allant jusqu'à effectuer deux grèves de la faim dont une de 27 jours, pour protester de son innocence et dénoncer ses conditions de détention. Il expliquera que les deux ans qu'ont duré sa mise à l'isolement (2), on ne l'autorisait même pas à voir sa famille. Peut-être le parquet qui lui imposait ces conditions inhumaines soi-disant pour sa propre sécurité craignait-il que sa fille de 3 ans ou que sa mère n'essaye de le trucider lors d'une visite ? Après tout maître Patrice Tacita a bien demandé à Ruddy pendant les questions de la partie civile s'il laissait sa fille tirer avec des armes à feu sur sa propriété...

Ruddy Alexis - Photo FG

Un jeune fou de haine ? 
 
Après avoir vainement tenté de se rendre sur Baie-Mahault et sur le Gosier, ils rentrent sur Bergevin, un quartier attenant à la cité Henri IV. Il précisera ensuite certains points que plusieurs témoins confirmeront. A savoir, pour commencer, qu'une fois garé sur la cité Bergevin, attenante à celle d'Henri IV, il écoute la radio dans la voiture avec Harris, pendant que les autres sont montés chez eux pour se changer. Lorsqu'il les voit revenir en tenue sombre, le visage masqué par des bandanas ou des t-shirts, alors que selon lui, ils étaient juste venus voir ce qui se passait, il leur dira : "poukoi zot ka baré tèt a zot ?" (pourquoi vous vous masquez le visage). Il dira aussi que Zenon sera le plus réticent à retirer son bandana, ce qu'il refusera d'ailleurs de faire. Quand le président lui rappelle les témoignages de ceux qui l'accompagnaient et qui disent l'avoir reconnu quelques instants plus tard camouflé de la tête aux pieds, il répond:
"Je me vois mal leur dire de retirer leur bandana et aller me camoufler derrière, c'est absurde !" 
qu'en arrivant sur la cité Henri IV, il a été saluer un policier qui semblait ne pas être en service mais qui habite cette cité et qu'il a reconnu, "je le connais du foot et du basket". Ils sont restés à discuter pendant une quinzaine de minutes, ce qui égratigne la version de l'accusation pour qui Ruddy serait arrivé plein de haine avec l'intention de casser du flic... 


Timing

A partir de là, il affirme ne plus s'être occupé des autres, lui n'étant pas venu dans l'intention de casser. Il discute encore un peu avec quelques jeunes, s'approche du boulevard Légitimus mais croise une trentaine d'individus cagoulés et armés et décide alors de regagner son véhicule et de rentrer chez lui, il est entre 23h00 et 23h30Il explique avoir mis un certain temps pour atteindre son domicile de Petit-Bourg, à cause de la profusion des barrages, "certains quasi-infranchissables, sauvages, tenus par des jeunes très excités." Il prétend enfin être rentré entre minuit et minuit trente. Au total il affirme avoir passé environ une heure sur place.


Détails... 

On lui demande comment il était habillé ce soir-là : 
"- Je portais un Tshirt bleu clair et un jean's style baggy
- Votre T-shirt, était-il à manches courtes ou à manches longues ?
- A manches courtes."
Rappelons que Forbin prétend lui avoir reconnu Ruddy Alexis aux longues manches grises de son polo qui dépassaient de sa veste militaire. De la même manière, alors que plusieurs témoins affirment que le tireur a épaulé son fusil du côté gauche, le fait que Ruddy soit droitier jettera un peu plus le trouble sur les certitudes de l'accusation. 

 FRédéric Gircour (chien.creole@gmail.com)

  1. A ce sujet, relire Les deux cousins 
  2. Il est très exceptionnel qu'un détenu passe autant de temps à l'isolement, c'est tout sauf anodin : au-delà de 9 mois, c'est le garde des sceaux en personne qui doit tous les 3 mois signer l'ordre de son maintien à l'isolement. 

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